Ma rue [et leur place ?]

Publié le par Filaplomb

Dans ma rue, il y a des gens qui dorment par terre et le soir des ombres autour des poubelles.

Peut-être est-ce moi, mais ils me semblent toujours plus nombreux. Certains sont là depuis plusieurs années dont j'identifie le visage bouffi d'alcool et d'intempéries. Cette non-vie leur devient quotidienne et bientôt naturelle.

Quand je passe le matin, ils en sont au vin blanc. Le midi, ils profitent du soleil de l'hiver pour s'assoupir un peu sur la tiédeur du bitume de la place.

Le soir, ils sont gais comme des qu'un non-dit réunis dans un silence bruyant. La nuit tombe vite et le froid l'accompagne.

J'ignore tout de leur sommeil.

Le pire pour notre république, ce n'est pas notre président fantoche, c'est d'assister à la déchirure de son tissu social. Des lambeaux jusque sur nos trottoirs.

C'est pas du textile chinois, ce sont les échoués du système libéral dans lequel on te pousse jusqu'à ce que tu tombes en oubli…


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F
Christie : merci de ce commentaire. Tu poses les bonnes questions ! :-))Zoridae : bienvenue par ici ! :-)Nous sommes tous des témoins impuissants de ces naufrages… Je suis profondèment attristé par cette situation…Cat : je pense que c'est le sujet qui fait le texte cette fois ! :-)MC : tu as remarqué, les morts de froid ne font même plus la Une des journaux !(bienvenue à toi aussi par ici !)Marie : c'est toute la société qui fabrique cette situation. Cette course à la réussite, les placements dans l'immobilier, …Temps qu'on ne change rien, ca continue !(et avec Sarkozy, rien ne changera en ce sens…).
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M
Merci pour ce beau texte... qui fait froid dans le dos. J'ai vécu en ville et je ne parvenais pas à m'habituer aux personnes sans logis. Maintenant que je suis à la campagne, où on est moins touché, c'est pire... surtout quand je vois des femmes, plus fragiles, plus en danger que les hommes. Toujours plus nombreuses. Cela me rend extrêmement triste et en colère.
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M
Arrivée de province à Paris en 1986, j'ai immédiatement été giflée par le nombre de gens assis ou couchés dans la rue. Je me souviens particulièrement d'une vieille dame, habillée de noir, propre et correcte (pour combien de temps?) assise par terre à l'entrée d'une bouche de métro. Quand je suis revenue en province trois ans plus tard, le mal avait gagné, je n'ai pas été dépaysée. Nous avons même eu droit à notre (premier?) mort de froid.
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C
Une bien triste prose...le texte est (très) beau,mais si vrai,merci Fil!:-
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Z
Filaplomb, j'ai comme toi l'impression qu'il y a de plus en plus de monde dans les rues. En bas de chez moi il y a une femme qui, apparemment a quitté sa famille pour vivre dans la rue. Elle fait sans doute une dépression ou une crise de démence mais son compagnon n'a essayé que deux fois, à ma connaissance, de venir la chercher. Quelques rues plus loin, il y a un Indien. Est-il venu en France pour une vie meilleure et du travail ? Un jour, mon compagnon a vu les pompiers essayer de ranimer son compaire, inanimé sur le trottoir. Depuis, notre Indien est seul.Cet été, il faisait coucou à mon fils lorsque nous passions devant lui. Il avait un beau sourire. Il ne sourit plus, il ne fait plus coucou...Lui il boit du rouge le matin. Sans doute que ça ne suffit pas à lui faire oublier...
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