L'échec [variantes et solution !]
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Ça ne sert jamais trop à rien de recoller les morceaux.
Même un vase, après la glue, il ressemble à quoi ? A un récipient recollé, voilà tout.
Mais notre cerveau est ainsi fait qu'on imagine toujours pouvoir recommencer. Et nous sommes tant imbus de nous-mêmes que nous ajoutons :
_Et cette fois, je ferais mieux.
Chez les humains, je suis toujours surpris par le cablage d'origine. A croire que c'est monté exprès pour que ça déconne si on n'y prend pas garde.
Par exemple, nous ratons une soirée et nous trouvons que cet échec est réellement injuste. Nous émettons un jugement sur la réalité !
Parce que nous décidons que cela aurait du se passer autrement, nous crions et protestons contre ce qui a eu lieu. Contre ce qui est arrivé en vrai. Comme si nous considérions que notre imaginaire primait sur l'existant.
Vous pouvez me rappeler à quoi sert exactement de se plaindre contre le réel ? Me redire ce que ça change vraiment au truc ?
Comme si ce que nous vivons était une des versions disponibles d'un film et de ses remakes. Comme si le scénario de nos existences était modifiable à la demande. Comme si nous n'étions pas dans la vie mais simplement dans un restaurant laissant aux convives le loisir de choisir les plats.
Votre vie, la mienne et celle de chacun est pourtant précisèment ce que nous avons à vivre. C'est une sorte de menu imposé.
Ce n'est peut-être pas la vie que nous avions, à peine au sortir de l'enfance, fomentée en secret. Pas le Prince Charmant mais le sourire du même homme chaque matin. Pas l'aviateur déchirant les nuages. Pas le petit rat en tutu sous le regard de tous dans des élans de grâce.
Mais nous avons quand même tout cela qui nous est donné. Ces petites vies de rien que nous essayons de tenir sous notre influence. Dont nous tentons de faire quelque chose de bien, même si le bail est imprécis quant à sa durée…
Nous ignorons même ce qui est prévu au terme de ce contrat de location. Est-il possible de le renouveler ?
Comme si nous préférions notre imaginaire à la réalité. Comme s'il fallait aimer nos espérances plutôt que notre quotidien. Comme si le bien-être se trouvait ailleurs que là où nous déciderons de le prendre…