Petit conte (c'est toujours ça de pris !)
Citation : «La vie sonore est comme un filet d'eau qui s'amenuise».
Aujourd'hui, un petit conte.
Je pense qu'il serait mieux de le lire à voix haute
mais bon, vous faites comme vous pouvez.
(rhô l'autre, il nous fait son auteur !)
Je pense qu'il serait mieux de le lire à voix haute
mais bon, vous faites comme vous pouvez.
(rhô l'autre, il nous fait son auteur !)
On les entend le soir surtout.
Quand la nuit commence à poser son gros derrière sur la face du monde.
Qu'elle nous en cache la lumière, c'est dire.
Les bruits se font sourds
La vie sonore est comme un filet d'eau qui s'amenuise.
Gémissent encore quelques enfants.
Puis, la nuit est là, dans son silence monumental où tout résonne.
On les entend au loin qui rigolent.
Vas-y qu'ils se marrent
Qu'ils se poilent
Qu'ils se fendent la poire
Qu'ils éclatent de rire
Vas-y à gorges déployées,
toutes les dents visibles comme des culottes sous des jupes de filles
[des dents que nous dirions inconvenantes
si nous connaissions le très beau vocabulaire de Pascal Quignard].
A se faire péter la rate,
Des poilades de qualité supérieure,
Du cent pour cent pur jus
De la bonne humeur de campagne.
On les entend le soir surtout, ceux qui ont tous les rires
Pendant que nous vivons dans la morosité.
Je me souviens d'un autrefois
Ou nous avions délégué un éminent émissaire
Pour requérir auprès d'eux quelques parcelles de joie.
Notre homme avait pris grand soin de sa préparation et travaillé longuement le cœur de son discours.
Porter notre délégation n'est pas à prendre à la légère.
«Il faut des rires à chacun et il faut du partage»
avait très sérieusement déclamé notre ambassadeur.
Les autres avaient ri de plus belle.
Et depuis, c'est un sérieux problème.