Deuxième avril (pas de blague, hein ?)
Un mouton avec une selle dessus [ça c'est de la légende !]
Vous vous souvenez des semaines d'avant le 21 avril 2002 ?
Comment les sondages nous ont leurrés en présentant les résultats éventuels du deuxième tour ?
Jospin allait rétamer Chirac, c'est sûr, c'est écrit dans les courbes.
Et que voit-on aujourd'hui ?
Des ahuris prêts à voter Bayrou parce que les sondages disent qu'il peut gagner le deuxième tour.
Il va rétamer Sarkozy, c'est sûr, c'est écrit dans les courbes.
Et comme en 2002, Jean-Marie Le Pen est encore venu pleurer sa mère parce que les gens ne l'aiment pas et que c'est vraiment pas démocratique comme attitude.
Et comme en 2002, c'est écrit dans les courbes, le candidat du fascisme cocardier [Maréchal, nous voilà, sur un air de java dans les bals populaires] est annoncé à 13%.
Alors qu'au deuxième tour, face à la masse médiatique, face à l'appel pesant pour sauver la République, cette pauvrette, de cette horde de hardis ignorants et bas du front [justement non], il s'est quand même trouvé 18% d'indécrottables crétins pour s'exprimer en faveur du plus fortuné des candidats en lice [mais né de parents pauvres, c'est étrange].
Pendant qu'on nous titille sur l'amour centriste à plusieurs et de tout bord, pendant qu'il promet à chacun une France qui roule en tracteur, François Bayrou vous détourne du vrai sujet de la campagne : dans quelle société voulons-nous vivre ?
Parce que, ce que certains journalistes appellent encore des «promesses électorales» sont autant :
- de pièces d'un puzzle qui dessine notre pays de dans cinq ans.
- d'étoiles qui illuminent et éclairent notre futur quiquenal.
- de métaphores pour figurer notre nation dans une demie dizaine d'années.
[UNE SEULE RÉPONSE POSSIBLE].
Et que le but de votre bulletin dans l'urne est d'essayer de choisir entre ces différents avenirs possibles.
François Bayrou est une manière de ne pas oser croire à un avenir possible. Un non-choix entre l'ultra-libéralisme forcené de Nicolas Sarkozy et la Démocratie participative de Ségolène Royal. Une manière de se refuser d'envisager l'avenir, une sorte de lâcheté face à la vie.
En 2002, j'avais cru, moi aussi, aux sondages.
J'avais donné mon vote à Besancenot parce qu'il est facteur et que j'éprouve une affection particulière pour tous les cyclistes pratiquants.
Surtout s'ils roulent bien à gauche.
En 2007, j'ai non seulement retenu la leçon mais j'ai, de plus, écouté et compris [me semble-t-il] la vision politique de Ségolène Royal.
Par exemple, elle est capable, je pense, de ne pas habiter l'Elysée.
Déjà, elle annonce qu'il n'est pas moral qu'un ministre soit logé et nourri avec sa famille [et parfois ses maîtresses, comme on sait…] aux frais de la République.
On est sûr, au moins, qu'elle est la seule à ne pas chercher à être élue parce qu'elle rêve du costume à dorures, vu qu'il existe pas en version fille.
Elle a une vision avant tout utilitariste de la fonction politique.
Par exemple, elle a parfaitement compris que le meilleur moyen qu'on ait inventé pour fabriquer de la croissance, c'est de laisser faire le marché dans des règles clairement établies et acceptées par tous.
C'est une véritable révolution pour le Parti Socialiste. On vient de passer du ni-ni de Mitterrand (ni privatisation, ni nationalisation) à une recherche de l'efficacité sociale de l'ensemble. Elle invente un socialisme pragmatique.
Pensez à cela, dans vos dîners en ville, quand on vous sortira l'argument moultes fois ressassé de la «gauche archaïque» et vous pourrez dorénavant briller en société grâce à cette répartie :
«Vous savez que Ségolène Royal veut un Etat qui ne serait plus contre le Marché™ mais qui profiterait du Marché™ pour redistribuer plus équitablement la récolte. C'est pas grave moderne, ça ?».
Finalement, je suis assez logique : Je vais voter à gauche pour éliminer Sarkozy dès le premier tour, en votant fièrement pour la candidate choisie pour les représenter par trois grands partis de gauche [PRG avec l'exigeante Taubira, MRC avec le pointilleux Chevènement et 60% des adhérents du Parti Socialiste au premier tour de leurs primaires].
Je ne vois pas pourquoi ce serait moins logique pour d'autres.
Le Canard Enchaîné est un vrai journal.
Par exemple, quand ils enquêtent sur le patrimoine
des candidats, ils le font pour tous les candidats.
Cette semaine, on apprend que Bayrou,
diplômé d'université pour être professeur,
préfère se déclarer Eleveur-Reproducteur
de biens jolis chevaux qu'on peut monter dessus
[ah oui, la photo de tout en haut c'est pour ça se dit le lecteur].
Ce qui lui permet de mettre sa très chère maison
dans la catégorie des «biens professionnels»
et d'échapper ainsi à l'I.S.F.
Le Canard Enchaîné, sur du vrai papier, tous les mercredi !
Par exemple, quand ils enquêtent sur le patrimoine
des candidats, ils le font pour tous les candidats.
Cette semaine, on apprend que Bayrou,
diplômé d'université pour être professeur,
préfère se déclarer Eleveur-Reproducteur
de biens jolis chevaux qu'on peut monter dessus
[ah oui, la photo de tout en haut c'est pour ça se dit le lecteur].
Ce qui lui permet de mettre sa très chère maison
dans la catégorie des «biens professionnels»
et d'échapper ainsi à l'I.S.F.
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