Urgent [les trains qui roulent !]
«Abaporu» - Tarsila do Amaral - 1928
Tu as le droit de faire grève mais il faut demander gentiment.
_Dis monsieur, c'est possible que jeudi, on débraie un peu ?
_Ah, non, les gars, pas ce jeudi. On a les commandes de Madame Michu à terminer.
Ou alors, tu peux faire grève mais il faut prévenir deux jours avant.
_Chef, je vous préviens, avec les gars, on a décidé que mercredi, on sera énervé
Et puis si tu fais grève, il ne faut pas géner la circulation du train. Parce que tu comprends, le travailleur va travailler, il ne faut pas l'embêter.
Le balayeur va balayer, le président va joguer et le banquier s'enrichir.
Et le gréviste, il a plus qu'à gréver tout seul dans son coin…
Je ne comprends pas pourquoi après cinq ans de cette majorité, ni pourquoi avec ce nouveau mandat qui débute, la droite met autant d'urgence à ce dossier.
Par exemple, ils auraient pu se lancer sur la dette du pays, le réchauffement de la planète ou la situation
Le plus urgentissime, c'est décrété en haut lieu, c'est que les trains arrivent à l'heure avec leur flot d'employés modèles qui ne cèdent pas au désir de révolte. Ceusse qui aiment se souvenir des carottes promises quand on leur montre le bâton.
Les même qui croient encore que le système va leur offrir amour, gloire et beauté parce qu'ils le valent bien. Ils marchent en troupeau vers les sunlights de la réussite. Ils prennent comme une marque de reconnaissance une offre de crédit sur les trente cinq prochaines années.
Tu as la parfaite liberté de protester, c'est légal. Mais il faudra rester discret.